Les rescapés du feu
Actes de la journée d’étude
Médiathèque de Chartres l’Apostrophe
17 novembre 2017
L’imagerie scientifique au service des manuscrits de Chartres
Présentation
LA VILLE DE CHARTRES se réjouit d’accueillir dans ce bel édifice de la Médiathèque L’Apostrophe à la fois une communauté scientifique reconnue pour sa passion communicative de la recherche appliquée, et un public nombreux, de Chartrains notamment, désireux de redécouvrir, avec les outils d’aujourd’hui, la grandeur de leur propre histoire.
Le projet de renaissance des manuscrits médiévaux est né en 2005, avec le soutien sans relâche de l’équipe municipale qui entoure Jean-Pierre Gorges, maire de Chartres.
C’est un projet ambitieux qui s’inscrit dans la durée, mobilisant des chercheurs aux disciplines aussi pointues que complémentaires, et les professionnels de la Médiathèque, capables ensemble de mettre à jour un trésor insoupçonné.
Ici, le présent et l’avenir se mettent au service du passé : l’évolution permanente des techniques poursuit l’objectif de la reconstruction virtuelle d’une bibliothèque qui permettra aux scientifiques du monde entier de s’approprier le travail effectué. Cette année, un nouveau projet dénommé REMAC (À la Recherche des Manuscrits de Chartres) développe des techniques d’imagerie scientifique dont les capacités de traitement de l’image sont absolument prodigieux.
Dans l’esprit des chercheurs qui les pilotent, comme de la Ville de Chartres qui les soutient avec ses partenaires institutionnels, ces découvertes doivent être diffusées à un public large. Afin de partager avec les Chartrains les résultats de ces recherches exceptionnelles, nous avons ainsi proposé la présentation en conseil municipal du processus de sauvegarde par la relaxation des feuillets médiévaux. De même, nous souhaitons aujourd’hui que ce colloque ouvert au public permette une restitution la plus complète et la plus accessible des avancées obtenues par les nouvelles techniques utilisées par les chercheurs, comme des conclusions de leurs découvertes.
Avec un objectif ultime : donner l’occasion aux Chartrains d’accéder à leur patrimoine lié à l’histoire de la Cathédrale et des Écoles de Chartres.
Je tiens à remercier tous les participants qui nous entraînent dans cette belle aventure, à la recherche des manuscrits de Chartres, et vous souhaite une journée studieuse !
Isabelle Vincent
Adjoint au Maire de Chartres en charge de la Culture
La Société archéologique d’Eure-et-Loir et
les manuscrits des bibliothèques chartraines
L’INTÉRÊT DE LA SOCIÉTÉ ARCHÉOLOGIQUE D’EURE-ET-LOIR (SAEL) pour la collection de manuscrits chartrains des bibliothèques de l’ancien chapitre de la cathédrale et de l’abbaye de Saint-Père en Vallée s’inscrit dans sa vocation depuis sa fondation en 1856 : étudier, préserver et faire connaître au public le patrimoine ancien de Chartres, de son grand évêché et de l’actuel département d’Eure-et-Loir, par l’édition de Mémoires (MSAEL) et d’ouvrages.
Ainsi, la SAEL édita des cartulaires : dès 1862, le Cartulaire de Notre-Dame de Chartres, publié sous les auspices de cette Société d’après les cartulaires et les titres originaux par MM. E. de Lépinois et Lucien Merlet ; en 1911-1912, le Cartulaire de Notre-Dame de Josaphat par M. l’Abbé Ch. Métais (mss BN et 1310/1517 Chartres), et en 2014, Saint-Père en Vallée, cartulaire d’une abbaye chartraine, Xe-XIe siècles, traduction Arlette Boué, préface de S. Leturcq (transcription de B. Guérard et original conservé aux Archives départementales d’Eure-et-Loir). Par ailleurs, de 1858 à 1882, la SAEL publia dans ses Mémoires des copies de manuscrits anciens effectuées par son archiviste Adolphe Lecocq : MSAEL I, 1858 ; II, 1860 ; III, 1863 ; IV, 1867 ; V, 1872 ; VI, 1876; VII, 1882 (fonds Lecocq SAEL, fonds SA BMC, Médiathèque de Chartres).
La Société publia aussi des études de manuscrits : en 1860, la « Note sur les manuscrits de Chartres envoyés à la Bibliothèque nationale pendant la Révolution » (MSAEL II) de Léopold Delisle ; en 1893, Un Manuscrit Chartrain du XIe siècle, Fulbert évêque de Chartres, martyrologe à l’usage de l’église de Chartres — Fulbert et sa cathédrale, nécrologe du chapitre Notre-Dame de Chartres, chartes et pièces liturgiques, par M. René Merlet, archiviste d’Eure-et-Loir, et l’Abbé Clerval, Supérieur de la Maîtrise Notre-Dame (actuel ms. NA 4, fonds BMC, Médiathèque de Chartres) ; en 1895 la thèse soutenue par Alexandre Clerval à l’Université de Paris la même année, « Les écoles de Chartres au Moyen Âge, du Ve au XVIe siècle » (MSAEL XI). Vinrent en 1953 l’édition de « L’Ordinaire Chartrain du XIIIe siècle publié d’après le manuscrit original… » par le chanoine Yves Delaporte (MSAEL XIX), et en 1973, une coédition SAEL-Université d’Ottawa, « Jean le Marchant, Miracles de Notre-Dame de Chartres publiés par Pierre Kunstmann » (MSAEL XXVI, d’après le ms. 1027, fonds BMC, Médiathèque).
La Société diffusa aussi catalogues, inventaires et chroniques : en 1903 et 1904, le Catalogue des manuscrits de la Société archéologique d’Eure-et-Loir, 1856-1903, et La Bibliothèque de Chartres ; La Bibliothèque de la Société Archéologique d’Eure-et-Loir, de Marcel Langlois, suivis en 1929 des Manuscrits enluminés de la Bibliothèque de Chartres par Yves Delaporte, puis en 1962 de la Petite histoire de la Bibliothèque de Chartres de Maurice Jusselin.
Au XXIe siècle, deux éditions marquèrent le millénaire de l’évêque Fulbert : en 2006 les œuvres de Fulbert de Chartres, Correspondance, Controverse, Poésie par A. Kibloff, E. Jeauneau, G. Dahan, A. Blattes, préfaces P. Riché, J. Clément, C. Genin (traduction française des mss établis par Frederick Behrends, 1976), éd. bilingue complétée en 2011 par un Index), et en 2007, « Fulbert de Chartres, sermon IV, sur la Nativité de la Vierge Marie, Vierge et génitrice de Dieu. Étude et traduction », par Gilbert Dahan (MSAEL XXXIV-3).
Origines de la Bibliothèque de Chartres
Issue des fonds ecclésiastiques inventoriés comme biens nationaux (1789-1792), la Bibliothèque publique du district de Chartres (1794) était devenue Bibliothèque centrale du département (1795), rattachée à l’Ecole centrale de Chartres (1795-1802) et ouverte aux érudits chartrains comme aux élèves de cette nouvelle structure d’enseignement. Sa gestion passa à la commune sous le Consulat en 1803. Le projet de construction d’un bâtiment dédié boulevard Saint-Michel (auj. Chasles) échouant en 1854-1857, la Bibliothèque communale rejoignit l’Hôtel de Ville en 1874, dans les combles d’une extension de l’Hôtel Montescot. On connaît la suite : le fonds de manuscrits de la Bibliothèque municipale de Chartres (BMC), mis à l’abri au château de Villebon en 1939 mais ramené à la Bibliothèque en décembre 1940 à la demande de l’occupant, fut en grande partie détruit le 26 mai 1944, comme son fonds d’ouvrages imprimés, lors d’un bombardement.
La SAEL héberge la Bibliothèque de Chartres et lui cède ses fonds
D’abord hébergée Porte Guillaume, la Société s’était installée en 1903 dans un hôtel particulier rue Saint-Pierre (à l’étage son siège, au rez-de-chaussée sa bibliothèque). Après des négociations engagées dès octobre 1944, le 7 décembre suivant la SAEL abandonna à la Ville son hôtel, ses collections et sa bibliothèque (14 200 ouvrages et 473 manuscrits), qui s’ajoutèrent aux 400 ouvrages de la BMC restitués par les emprunteurs. Le personnel municipal s’installa au rez-de-chaussée de l’hôtel dès le second semestre 1945 et la BMC rouvrit au public le 22 janvier 1946, avant même la signature du décret ministériel (2 avril 1948), du décret préfectoral d’utilité publique (21 sept. 1948) et de l’accord entre la Ville et la SAEL (9 oct. 1948). La BMC demeura au siège de la SAEL jusqu’à la fin de l’été 1962, date de l’inauguration de la nouvelle Bibliothèque municipale édifiée à l’angle des rues au Lin et Saint-Michel.
L’édition des actes de la journée d’étude du 17 novembre 2017, avec le soutien des Amis de l’IRHT, s’inscrit dans la poursuite des missions de la Société archéologique d’Eure-et-Loir.
Juliette Clément
Directrice de Publication de la Société archéologique d’Eure-et-Loir
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